À ma grande surprise, j’ai découvert des nobles dans l’ascendance par les femmes de François III MERCIER (1769-1840), le dernier de mes ancêtres ayant exercé une activité au Lion-d’Angers. Il faut se donner un peu de mal pour arriver à ces ancêtres nobles, mais voici l’arbre qui permet de le faire :
° = naissance, x = mariage, † = décès
La carte ci-dessous permet de localiser les évènements et les seigneuries cités dans l'ascendance par les femmes de François III MERCIER :
Les libellés des marqueurs ne s'affichent pas quand ceux-ci sont trop proches;
il suffit de zoomer pour les écarter.
Le détail des évènements apparait quand on clique sur les marqueurs
Détaillons comment, en partant d’un aubergiste angevin (François III MERCIER 1769-1840), on arrive à un écuyer poitevin (Jean de LAURANCE environ 1590-1640).
employé de la ferme de la gabelle du roi(c’est-à-dire chargé de la perception des taxes sur le sel).
Avec Louis DAVOIS et sa famille, les employés de la gabelle sont partout :
La présence de cette profession dans l'ascendance joue un rôle important dans le glissement géographique et social qui nous mène d’un aubergiste angevin à un écuyer poitevin :
Au premier abord, il parait étonnant d’arriver dans la noblesse poitevine en remontant l’ascendance de la fille du boucher du Lion-d’Angers, mais quand on y réfléchit… Avec deux fois plus d’ascendants à chaque génération, la probabilité d’avoir un peu de tout parmi ceux-ci augmente très rapidement. Les nobles apparaissent au 8e degré dans l’ascendance de mon arrière grand-mère ; cette génération comprenant 256 ancêtres (2 puissance 8), même si les nobles ne représentaient qu’environ 1% de la population à cette époque, la probabilité d’en trouver dans ses ancêtres devient non négligeable.
Par ailleurs, la noblesse était un ordre, pas une classe ; certains nobles étaient fort riches et d'autres presque indigents. Cette dernière situation ne devait pas être rare chez les écuyers, qui représentaient 80% des nobles. Dans la hiérarchie sociale de l'époque, un gentilhomme sans fortune n'était pas mieux placé que le chef d'une brigade de la gabelle ; de plus, ce dernier partageait certains privilèges avec le gentilhomme, comme signalé plus haut ; tout ceci explique qu’un employé de la gabelle puisse épouser la fille d'un écuyer.
Le château de la Barre
L’exploration des branches nobles découvertes dans l'ascendance de François III MERCIER est restée très limitée pour le moment. Elles n’apparaissent qu’au début du XVIIe siècle, à une époque où les registres paroissiaux se font rares et donnent peu d’indications quand ils subsistent. Le mariage de Charles de la CARNAYE avec Renée de LAURANCE, en 1654, à Mondion, dans la Vienne, est le plus ancien évènement cité dans l'arbre d'ascendance ci-dessus qui soit issu des registres paroissiaux.
Mais les familles nobles permettent souvent d’aller au-delà de ces registres paroissiaux ; pour prouver leur noblesse et leurs droits, ces familles avaient rassemblé des documents qui ont parfois échappé aux pertes et destructions. C’est le cas pour des archives concernant des ancêtres de Françoise de la CHAUSSÉE, ce qui permet de remonter certaines branches de son ascendance jusqu’à la fin du XIIIe siècle.
En effet, des recherches sur Internet m’ont permis de découvrir un document dans lequel apparait le couple Jean de LAURANCE – Françoise de la CHAUSSÉE. Il s’agit de l’Inventaire analytique des archives du château de la Barre
, d’Alfred Richard, publié en 1868. Cet ouvrage, qui totalise un peu plus de 1000 pages réparties sur deux tomes, est aujourd’hui disponible sur Internet en version numérisée (merci Google). Laissons l’auteur présenter les circonstances qui l’ont amené à réaliser ces travaux :
Au mois de septembre 1861, pendant les vacances de la première année que j'ai passée à l'École des Chartes, j'entendis parler d'une grande quantité de papiers conservés au château de La Barre (commune de Ménigoute - Deux-Sèvres), dont M. Failly, son nouveau propriétaire, entreprenait alors la restauration.
Je me rendis avec empressement à cette indication, et je trouvai effectivement un vaste coffre, une
arche, rempli jusqu'aux bords de liasses de papiers et de parchemins qui avaient dû y être déposés avec le plus grand soin, mais qui, par suite de la facilité laissée à chacun d'y toucher, se trouvaient dans le plus grand désordre. Une souris, de son côté, s'était introduite dans ce réduit et y avait tracé un sillon jusqu'au moment où elle avait été écrasée par l'affaissement de la tranchée qu'elle avait imprudemment creusée : son cadavre desséché reposait sur les débris accumulés autour d'elle. La pluie, enfin, pénétrant à travers la toiture, avait aussi causé sa part de dommages : nombre de parchemins étaient décomposés et collés les uns aux autres, sans que l'on put en tirer quelque profit. Ainsi, la main des hommes, la dent des animaux, l'intempérie du ciel, ces trois causes s'étaient réunies pour activer la destruction de ces épaves du passé.Un examen de quelques heures me dévoila des richesses paléographiques dont je songeai tout d'abord à assurer la conservation. Sur ma demande, M. Failly fit mettre tout le contenu du coffre en lieu sûr, et m'autorisa gracieusement à emporter à Paris quelques dossiers, afin de me mettre plus à même d'apprécier ce dont je lui faisais pressentir la valeur. Je ne songeai tout d'abord qu'à mettre en pratique les recommandations de mes professeurs, et à faire de l'examen de ces pièces un exercice de déchiffrement et d'analyse ; mais peu à peu, leur importance et leur liaison se révéla à moi, et quand je revins aux vacances suivantes réintégrer dans le dépôt ce qui m'avait été confié, j'étais décidé à faire le complet dépouillement de ce que le hasard m'avait ainsi mis entre les mains. Avec sa même bienveillance, le possesseur de ces choses m'en laissa la libre et unique disposition, et pendant sept ans (si l'on s'étonne de voir que j'ai employé un si long temps à ce travail, il faut savoir que j'y ai consacré seulement les moments de loisir que me laissaient mes études ou mes fonctions), je me suis rendu deux fois par an à La Barre faire une nouvelle provision de besogne en échange de ce que j'y rapportais.
Comme l’explique Alfred Richard, des documents ont disparu par la main des hommes, la dent des animaux, l'intempérie du ciel
. En conséquence, certaines branches s’interrompent rapidement. On pourrait espérer pallier une partie de ces lacunes en se tournant vers d’autres archives (cabinet des titres de la Bibliothèque Nationale, titres de famille aux archives départementales d'Indre-et-Loire, de la Vienne et des Deux-Sèvres…) mais cela devient bien compliqué pour des résultats très incertains.
La suite de cette page est donc principalement fondée sur l’Inventaire analytique des archives du château de la Barre
, avec des compléments tirés du Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou
de H. Beauchet-Filleau. Pour les disciples de Saint Thomas qui voudraient voir pour y croire, les pièces originales des archives du château de la Barre se trouvent aujourd'hui aux archives départementales des Deux-Sèvres, où elles constituent la série "1E supplément".
Les archives du château de la Barre citent le couple Jean de LAURANCE – Françoise de la CHAUSSÉE, mais elles ne nous apprennent que peu de choses sur Jean de LAURANCE, si ce n’est qu’il était écuyer et décédé avant fin 1640. Par contre, elles donnent deux degrés d’ascendance pour Françoise de la CHAUSSÉE :
° = naissance, x = mariage, † = décès
En complément, les archives nous montrent que cette famille s’était mise dans une situation financière difficile. En 1640, Françoise de la CHAUSSÉE, son frère et sa sœur, renoncent à la succession de Louise de MARCONNAY, leur mère, au profit de leurs créanciers. En 1645, le père de Françoise, Émery de la CHAUSSÉE, obtient une pension sur ses biens saisis à cause de son grand âge
.
L’ascendance de la CHAUSSÉE s’arrête assez rapidement, mais les archives permettent de rebondir à partir de Marguerite LÉGIER, la grand-mère de Françoise de la CHAUSSÉE. Les archives du château de la Barre sont particulièrement fournies pour ce qui concerne la famille LÉGIER, ce qui est logique, puisque c’est un membre de celle-ci, Henri LÉGIER (1627-1689), dit le marquis de la Barre, qui a fait construire le château au XVIIe siècle.
° = naissance, x = mariage, † = décès
En repartant de la grand-mère de Marguerite LÉGIER, Jeanne de la CHAPELLERIE, on découvre dans son ascendance la famille CLAVEURIER, dont les plus anciens représentants ont tenu des positions élevées dans le Poitou.
° = naissance, x = mariage, † = décès
Avec la famille CLAVEURIER, on passe de la petite noblesse rurale aux bourgeois des villes anoblis par des fonctions administratives. C'est une famille importante, puisqu'un historien, spécialiste du Poitou médiéval, lui a consacré un ouvrage de 330 pages : Une famille bourgeoise de Poitiers, les Claveurier, aux XVe-XVIe siècles
(Robert Favreau - Éditions Michel Fontaine - 2011). La manière la plus simple d'en résumer le contenu est de reprendre la quatrième de couverture :
De 1415 à 1455, Maurice Claveurier, qui a eu une formation universitaire en droit, occupe le premier rang dans l'administration royale en Poitou. Il a la faveur de Charles VII, et profite de la présence du gouvernement royal à Poitiers de 1418 à 1436. Il est un acteur important dans la création de l'université de Poitiers. C'est lui qui a obtenu le plus grand nombre de mandats annuels de maire. Au plus fort de la guerre de Cent Ans, il se fait construire un grand hôtel qui fait l'admiration de ses contemporains. Peu à peu, il bâtit sa fortune foncière et il prend des initiatives originales dans l'activité économique de Poitiers.
Ses fils font, à sa suite, carrière dans l'administration royale et occupent les premiers rangs du corps de ville. Il en est encore de même pour ses petits-fils, mais dès le début du XVIe siècle les Claveurier se détachent de la ville, et, profitant de l'anoblissement concédé en 1372 par Charles V aux échevins et conseillers de la commune, ils vivent en petits nobles ruraux dans les seigneuries acquises par Maurice I ou obtenues par de bons mariages. C'est à juste titre que vers 1864 une des rues jouxtant le nouvel Hôtel de Ville a été appelée « rue Claveurier ».
Pour ceux qui ne se satisferaient pas d'une quatrième de couverture, mais qui n'auraient pas l'opportunité ou le courage de lire cet ouvrage très complet, je propose quelques compléments sur la famille Claveurier :
Maurice CLAVEURIER et sa descendance
La carte ci-dessous permet de localiser les seigneuries citées dans les titres des ancêtres de Françoise de la CHAUSSÉE :
Les libellés des marqueurs ne s'affichent pas quand ceux-ci sont trop proches;
il suffit de zoomer pour les écarter.
Les communes et familles correspondant aux seigneuries apparaissent quand on clique sur les marqueurs
Le lien ci-dessous permet de consulter un arbre qui donne une vue d'ensemble plus complète de l'ascendance de Françoise de la CHAUSSÉE :